Qui d’abord?
Qui est premier?
Savez-vous qu’en Chine le pénis, celui d’animaux, est un mets apprécié : Du pénis de cheval, le chef Xiao Shan dit qu’il est l’ingrédient le plus délicat de son bouillon d’organes génitaux, auquel on prête souvent, en Asie, des vertus aphrodisiaques. « Tant la texture que le goût (du pénis de cheval) sont agréables. C’est également bon pour la santé, affirme le cuisinier, héritier d’une longue tradition familiale. Et on déguste aussi en ragoût dans son restaurant les phallus et testicules d’âne, de bouc,de chien, de taureau et de cerf, mais aussi du serpent et du phoque, pourvus de deux pénis chacun.[1]
Existe-t-il un organe féminin qui pourrait disputer au pénis cet honneur culinaire ?
D’ailleurs un psychanalyste que j’ai bien connu affirmait avec conviction : l’homme est premier, la femme est seconde. Je ressentais en moi une réticence, malgré tout le respect que j’avais pour lui.
Qui est premier ? Si j’avais su à cette époque, je lui aurais dit que, historiquement, à l’échelle des centaines de millions d’années de l’évolution des espèces, le sexe féminin est réputé pour être premier, sur un plan biologique. Et notre chromosome Y, c’est en plus, un peu comme le pénis, qui est dehors, pour qu’on puisse le mettre dedans.
Dans la Bible il existe deux récits de la création
Dans le premier les humains sont créés « homme et femme » donc en même temps, mais le mot homme vient avant le mot femme.Impossible quand on écrit, et aussi quand on parle de lire ou prononcer deux mots en même temps, donc obligé de choisir un premier, comme devant une porte où une seule personne peut passer à la fois. Dans le deuxième récit l’homme est créé d’abord et la femme en deuxième avec une côte du premier, pour faire plaisir à l’homme. On ne pourra pas réécrire ces récits. Ils font partie de notre culture et de notre patrimoine. On peut prendre ses distances.
Vous êtes galant ?
Quand vous vous retrouvez avec une femme à passer par une porte, vous la laisser passer ? Moi, en général oui, bien que j’aie doutes sur la légitimité , mais je ne veux pas passer pour un goujat. Alors que je me suis souvent posé la question, est-ce que la galanterie n’est pas une compensation à la position d’infériorité de la femme dans la société, y compris maintenant, même dans les sociétés où l’égalité est fortement établie en droit.
Logiquement, nous devrions renoncer à la galanterie.
Voici ce que je propose : remplacer les nombres1 et 2, pour désigner homme et femme sur le numéro INSEE, par des lettres… ah mais non, car dans l’alphabet les lettres ont un ordre, et entre deux lettres, l’une est forcément après l’autre. Donc pas les lettres mais deux icones à cocher…mais quand même dans quel ordre va-t-on les placer sur le formulaire ? Et comme il existe une proportion d’environ 2% d’humains qui ne peuvent pas être classés hommes ou femmes, on ajoute un troisième choix, ce qui ne résout pas le problème de l’ordre.
Et la grammaire ?
Le gouvernement français a refusé récemment la réforme sur la priorité du masculin sur le féminin. Mais en lisant des livres en anglais rédigés par des femmes, j’ai remarqué que certaines écrivent she lorsque ce prénom désigne une personne dont le sexe n’est pas connu, alors qu’on avait l’habitude d’écrire he. On peut tout à fait décider de les imiter. Les hommes donnent la priorité aux hommes, en grammaire, et les femmes aux femmes.
Ah comme c’est plus simple lorsque les places respectives des hommes et des femmes sont bien déterminées. Et quand l’ordre juridique, ou l’organisation sociale seulement, instaure une priorité et un statut de domination de l’un sur l’autre.
Il était une fois…
Le féminin dominant
…Il a existé une époque, le néolithique, où les femmes ont eu une position privilégiée, peut-être dominante, ce dont il reste des traces sousla forme des statuettes de femmes aux formes exagérées ce qui les a fait interpréter comme des célébrations de la fécondité. On peut supposer que les femmes sont à l’origine de l’invention de l’agriculture. Ce sont des suppositions. Pour d’autres la domination masculine est un fait constant dans l’histoire de l’humanité. Assurément la force physique doit y être pour quelque chose. Ces sociétés ont toutes disparues, est-ce seulement une question de force physique,et d’aptitude à la guerre ?
Le masculin dominant
Voici la position traditionnelle des psy depuis Freud. Non pas de priorité ! mais deux positions différentes. De femme en femme, il existe une continuité charnelle. C’est un obstacle à la séparation,indispensable pour qu’un humain devienne indépendant et assume les nécessités de la survie du groupe et sa continuité. Du côté masculin, la continuité du nom,et une place qui lui permet d’imposer la séparation. D’où l’homme est premier dans l’ordre social, le pilier de la famille, mais la femme a droit à des compensations.
Et maintenant ?
Et maintenant on procède dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres domaines, par exemple écrire un article et le mettre en ligne, avec la préoccupation: comment va-t-il être reçu ? On tâtonne, on ajuste, chacun trouve dans sa vie, en couple, des solutions, des positionnements, chaque fois différentes, qui combinent nos désirs, nos représentations, les modes, avec les héritages culturels, et avec le roc de la réalité que représentent les organes sexuels, et le cadre évolutif dans lequel s’effectue la continuation de l’espèce humaine.
A chacun de trouver son déséquilibre avec l’autre.
En prenant en compte, et l’égalité, et la différence. En assumant sa virilité.
[1] https://www.tdg.ch/societe/Le-penis-de-cheval-booste-la-vie-sexuelle-des-Chinois/story/17765879
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