On aime bien, en particulier les femmes aiment bien, les hommes déterminés qui prennent des décisions. Or les recherches en neurosciences ont montré que la prise de décision est plus de l’ordre de ce que l’on appelle l’intuition, que de la rationalité, et là normalement, les femmes seraient plus à même de prendre des décisions justes, puisque, c’est bien connu, l’intuition c’est féminin.
L’intuition…
L’intuition ce n’est pas de l’ordre du raisonnement mais plutôt du ressenti. Pourquoi en moyenne les femmes seraient plus douées d’intuition que les hommes ? Parce que les femmes seraient en moyenne plus proches des sensations, des émotions, plus éloignées du raisonnement de la logique, parce que reliées plus corporellement à la vie, qui passe à travers leur corps. Tandis que les hommes du fait de leur position d’extériorité plus facilement dans le raisonnement et la logique. Les civilisations anciennes ont souvent identifié le féminin à la Terre, sur laquelle nous sommes posés, et le masculin au soleil, qui nous est extérieur.
…et la prise de décision.
Contrairement à ce que nous pourrions croire la prise de décision n’est pas le fruit d’un processus rationnel. Les chercheurs en neurosciences Daniel Kahneman et Amos Tversky ont reçu un prix Nobel en 2002 pour leurs travaux de recherche de 1979 qui affirmaient que les humains prenaient rarement des décisions rationnelles. Depuis lors, c’est devenu un lieu commun des chercheurs en sciences cognitives.
De son côté, Alex Pouget, professeur de neurosciences et de sciences cognitives à l’Université de Rochester, a montré que les gens prenaient effectivement les décisions optimales, mais seulement lorsque leur cerveau inconscient en faisait le choix.
« Une grande partie des premiers travaux dans ce domaine a porté sur la prise de décision consciente, mais la plupart des décisions que vous prenez ne sont pas fondées sur un raisonnement conscient », déclare Pouget, chercheur à l’université de Rochester. « Vous ne décidez pas consciemment de vous arrêter au feu rouge ou de contourner un obstacle sur la route. Une fois que nous avons commencé à examiner les décisions que notre cerveau prend à notre insu, nous avons constaté qu’il prenait presque toujours la bonne décision, compte tenu des informations avec lesquelles il devait travailler. « [1]
Est-ce que le « pas consciemment » dont parle ce chercheur, ne serait pas certaines fois ce que nous appelons intuition ?
Et les émotions ?
Dans certains cas c’est le corps qui décide à notre place, c’est à dire notre être tout entier, en particulier dans des situations d’urgence, quand c’est encore en notre pouvoir d’agir, nous allons nous mettre à foncer, dans la bonne direction et sans réfléchir. L’émotion et la clarté que nous appelons présence d’esprit nous mettent en mouvement et nous font faire les bons gestes. A l’opposé le stress peut nous paralyser et nous immobiliser en inhibant notre cerveau pré-frontal. Qu’une personne soit paralysée par le stress, ou au contraire capable d’agir avec rapidité, dépend beaucoup de ses comportements émotionnels et en particulier de son quotient émotionnel. Car il s’agit d’être en contact avec ses émotions, et d’avoir appris à les gérer. Concrètement ici c’est suspendre le raisonnement pour être directement en contact avec ses perceptions de la situation.
L’intuition c’est aussi de ce côté: celui de l’émotion.
La prise de risque.
Pour revenir à l’intuition, et à la prise de décision, prenons le cas d’une décision qui engage l’avenir, par exemple une décision d’investissement. Prendre une décision nécessite de faire des calculs, parfois en fonction de plusieurs hypothèses. Mais ces calculs sont faits en fonction de ce que nous connaissons du présent. Et cela ne peut être que des projections.Prendre la décision, choisir entre plusieurs hypothèses nécessite de bien connaître le contexte, tous les paramètres en jeu, qui sont politiques et sociaux, et quitter le domaine des certitudes mathématiques, et au fond la décision se prend intuitivement, en fonction de ces données. Et quand je dis « se prend » c’est pour signifier que le processus qui y aboutit est inconscient.
On pourrait, puisque c’est incertain, s’abstenir de décider, à cause du risque de se tromper. C’est là qu’intervient un autre facteur de la prise de décision. On peut l’appeler désir, ou énergie créatrice,envie. C’est ce qui nous pousse à aller de l’avant, sans condition. Parce que l’absence de décision nous laisserait sur place, et nous préférons avancer, au risque de se tromper, que ne rien faire, ce qui présente des inconvénients qui nous paraissent plus grands, du type de « qui ne tente rien n’a rien » !
Décider c’est prendre un risque. Le risque de se tromper. Certaines prises de décision peuvent engager notre avenir, de manière déterminante, le risque est alors d’autant plus grand. Et l’incertitude d’autant plus angoissante. Le goût pour le risque est une forme d’agressivité. C’est mordre à pleines dents dans notre avenir. Ce qui permet de trancher a plus à voir avec l’intuition qu’avec la pensée rationnelle.
Testostérone et prise de risque.
Des chercheurs ont voulu comparer, dans le domaine de la prise de risque, les comportements des femmes et des hommes, en s’interrogeant sur le rôle de la testostérone, l’hormone mâle, dans la prise de risque. Le 24 août 2009 était publiée dans le premier numéro annuel de la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), une recherche sur les effets de la testostérone sur la prise de risque. L’échantillon était composé d’hommes et de femmes ayant choisi de faire carrière dans des banques d’investissement, et en particulier les investissements en bourse. L’étude a prouvé que l’appétence au risque était corrélée au taux de testostérone, cette hormone que les organismes masculins produisent plus que les les organismes féminins. Cette disposition psychologique, le goût du risque, a donc un facteur biologique. Cela signifie que le genre masculin est bien fortement corrélé au sexe masculin. Que le culturel a son assise dans le biologique.
Cette fois donc l’intuition serait plutôt masculine.
J’utilise ici le mot intuition parce que le contexte de la prise de décision est une anticipation de l’avenir, reposant sur des données hypothétiques.[2]
« Avoir de l’intuition » c’est un avantage puisqu’une décision juste ne se prend pas en fonction de données rationnellement examinées ; elle se prend en tenant compte de variables que vous ne pouvez pas identifier précisément mais qui, quelque part, sont présentes dans votre cerveau, et que l’intuition mobilise inconsciemment.
Dans le développement personnel on a l’habitude de dire « arrêtez le mental » ; « arrêtez de penser » et pourtant on a été orienté à l’école, et pendant nos études, complètement vers les connaissances et le raisonnement. Un des grands maîtres-à-penser dans l’enseignement secondaire en France c’est Descartes « je pense donc je suis ». Quel bel exemple d’utilisation du raisonnement, pour affirmer quelque chose qui n’est pas de l’ordre de la logique, puisqu’il s’agit de l’être ! on dirait plus facilement aujourd’hui : « je sens donc je suis ».
Trois trucs pour prendre des décisions justes.
Voici maintenant quelques trucs et astuces pour sentir ce que vous devez prendre comme décisions, même les plus banales, comme qu’est-ce que qu’il est urgent de faire aujourd’hui parmi mille choses à faire? Qu’est-ce que je dois dire à telle personne aujourd’hui pour faire avancer mon projet? Et pour faire des choix les meilleurs pour vous, en fonction de variables dont vous n’avez pas conscience bien qu’elles soient présentes en vous.
Première possibilité. Vous vous arrêtez un moment et vous vous efforcez de conscientiser les sensations au niveau de votre plexus,quand vous choisissez telle ou telle action. Vous pouvez sentir ainsi si l’émotion suscitée par la décision est positive ou négative. Je précise, non pas juste dans l’absolu mais juste pour vous, à cet instant précis.
Deuxième cas quand une décision à prendre se matérialise concrètement par le choix d’une direction géographique. Vous arrêtez de penser, « vous faites taire votre mental » et vous laissez vos pieds décider de la direction.
Troisième méthode, pour des décisions ayant un enjeu plus important : détendez tous vos muscles et ne pensez plus, pour arriver à un état de décontraction totale, concrétisé par l’affaissement complet des épaules, et soyez attentif à ce qui vous vient. Le mental s’arrête, votre corps est entièrement présent et vous atteignez une conscience très vive, très directe, de votre environnement physique, signe que votre raison est au repos. Et vous laissez venir la décision.
Je n’ignore pas que pour pouvoir pratiquer ces trois méthodes, pour sentir la décision à prendre, vous devez avoir pris l’habitude de vous déconnecter du raisonnement et de la logique et d’écouter ce que vous ressentez, et vous devez vous être entrainé à vous détendre. Cela nécessite un apprentissage. Probablement c’est plus difficile pour les hommes que pour les femmes pour la raison que j’ai dite plus haut, mais cela nous est accessible.
En deçà du choix de la décision à prendre, il y a cependant le fait même de prendre une décision. Difficile pour certains, les indécis, car décider c’est renoncer à toutes les possibilités sauf une, celle de votre décision. Et cela nous ramène à l’existentiel. Vous connaissez ce dicton: partir c’est mourir un peu. Celui-ci est tout aussi juste. Décider c’est mourir un peu. Et c’est bien ce dont nous avons peur, quand nous ne décidons pas.
Si vous êtes coupés de vos émotions, et que vos décisions trop intellectuelles ne sont pas opérantes, si vous êtes indécis parce que vous n’arrivez pas à choisir, vous risquez de faire fausse route, ou de ne vivre qu’à moitié. Or on n’a qu’une vie, pensez-y!
La clé, c’est d’affirmer votre masculin…
…le royaume de la décision et de l’action.
Et la condition c’est votre positionnement intérieur, qui détermine votre relation au monde, d’un point de vue masculin.
[1] Our Unconscious Brain Makes the Best Decisions Possible. http://www.rochester.edu/news/show.php?id=3295
[2] http://www.larsg.fr/la-revue-des-sciences-de-gestion/prisederisquesdanslesaffairesettestosterone/#.XFdAvc1Cc7Y
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