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Fév 21

Être père quand les enfants s’en vont.

Maintenant « les enfants » sont grands et il va falloir s’en séparer. C’est-à-dire les laisser partir, et même dans certains cas les pousser dehors. La difficulté c’est que cela crée un vide pour les parents.

J’ai déjà abordé dans un précédent article, être un père, le métier de père, en quoi cela consiste d’être père, d’assumer la fonction paternelle, en distinguant la relation avec les garçons et les filles car elle doit être différente. https://etre-un-homme-aujourdhui.com/2018/04/20/prendre-sa-place-de-pere/ . Dans ce deuxième article j’aborde le rôle du père quand les enfants s’en vont.


Parents enfants la séparation

Voici un cas de figure très fréquent : les parents restent attachés à leurs enfants, les incitent à se faire construire une maison dans le même village ou le même bourg, ou ils achètent une résidence secondaire, de sorte que les enfants puissent, avec les petits-enfants, venir y passer les vacances, et les parents puissent « en profiter ».

Mais c’est un piège.

Les enfants, devenus adultes ont mieux à faire que de rester vivre à côté de leurs parents. Où suffisamment proches pour y venir très souvent. Le dimanche par exemple.

Qu’est-ce qui les pousse, les enfants, à accepter cette situation ?

Deux choses : la culpabilité et le manque de maturité.

La culpabilité : ils ont peur de décevoir leurs parents,ils projettent de pouvoir plus facilement venir les aider lorsqu’ils seront dépendants, les parents. Souvent un des enfants se dévoue pour cette mission.

Le manque de maturité : ils n’ont pas encore rencontré leur vrai désir, celui qui va les faire agir. Ils ne sont pas vraiment indépendants. Il arrive que la maturation prenne du temps : regardez Abraham dans la Bible, il n’y entre qu’à 70ans quand il commence sa vrai vie !

Il y a aussi un aspect pratique : en cas de besoin ce sont les grands-parents qui auront la charge des enfants.

Tu quitteras la maison de ton père

Justement dans la Bible. Dans la partie qu’on appelle genèse, D. dit à Abraham : Va vers toi, tu quitteras la maison de ton père et le pays de tes ancêtres et tu iras dans le pays que je te donnerai.Va vers toi, c’est l’équivalent de la formule actuelle : devenir soi.

Ce n’est pas le père d’Abraham qui le dit, c’est D. lui-même. Cela nous apprend que cette mission qui est donnée aux parents, de laisser partir leurs enfants, de les faire partir, est de l’ordre du sacré.

Devenir soi, chez les Vikings.

Bien des siècles après Abraham,  au pays des Normands, les north men, des jeunes tirent parti de leur départ de la demeure familiale, sans retenue, sans culpabilité. La Normandie, le roi de France, en l’an de grâce 911, l’a donnée aux vikings, en échange de l’arrêt des pillages. Bien vite les Northmen s’inspirent du contexte, deviennent seigneurs à la place des seigneurs, construisent des châteaux forts en bois, puis en pierres.

Or le droit de succession dans ces lignages était le droit d’ainesse. Le cadet a le choix : devenir prêtre ou moine, ou végéter sur place, ou partir à l’aventure. Partir à l’aventure, de par le monde, c’est ce que font ceux qui sont entrés dans la grande histoire, tandis que ceux qui sont restés, calés sur l’héritage, en Normandie  les ainés en particulier, ont laissé peu de traces.

L’un d’eux, un de ces cadets partis chercher fortune ailleurs, Roger de Sicile, devient Roi du royaume des deux Sicile, la Sicile, plus le devant de la botte italienne. Ce royaume avait la particularité extraordinaire d’être pluriculturel : byzantin, musulman, catholique.C’était au 11ème siècle !

Concrètement, pour nous aujourd’hui, il est souhaitable que les enfants, mariés, pour fonder leur famille, quittent la ville ou la région, de sorte qu’ils ne puissent pas aller chaque dimanche chez leurs parents.

 La séparation du côté du jeune

La séparation est en fait un processus.  II serait nuisible, et cela peut être même traumatisant  de procéder à une coupure brutale. La brutalité de la séparation est souvent reliée à la difficulté de se séparer : les parents n’y sont pas préparés et retiennent le (la) jeune ; celui-ci, en difficulté, peu préparé à gérer ce genre de situation, est amené à devoir s’arracher à l’emprise des parents.

La séparation, cela prend donc du temps. C’est la continuation du processus qui a commencé à la naissance : l’autonomisation progressive de l’enfant.  Et le départ du domicile parental n’est pas la fin du processus.

Il est souhaitable en effet que le(la) jeune lorsqu’il(elle) quitte ses parents ne le fasse pas directement pour aller vivre avec une compagne, un compagnon ou se marier ; un sas, une période de célibat permet au jeune de se construire. Cela correspondrait à ce qui existait autrefois temps pour les étudiants qui allaient d’université en université à travers l’Europe. Et les apprentis qui devaient faire un tour de France d’initiation avant de passer maître et se marier.

  Dans cette période de transition, il(elle) se confronte premièrement à la solitude et forge son indépendance affective, et aussi à la nécessité de construire une vie relationnelle, deuxièmement à toutes les difficultés, tout ce qu’il y a à faire et à apprendre pour vivre de manière indépendante.  C’est cette confrontation,les erreurs et les échecs qui vont le(la) faire mûrir.

 Cela c’est du côté des enfants, mais du côté des parents ? Comment faciliter la séparation et le départ des enfants adultes ?

 La séparation du côté des parents.  Différence père mère.

Du côté des parents, le père et la mère ne sont pas dans la même position.  Tous les deux sont très attachés évidemment, mais pas de la même manière, puisque la mère a porté l’enfant en son sein, l’a allaité tandis que l’homme a vécu ces moments de l’extérieur. L’homme a pu construire une relation fondée sur la parole,dés que la femme est enceinte, et ensuite une relation corporelle avec ses fils en particulier, mais avec ses filles aussi, ce n’est pas interdit à condition que ce soit complètement dégagé de toute excitation sexuelle. Tandis qu’une femme construit une relation sur la base d’abord d’un lien charnel, et ensuite sur la parole : une femme pourrait exprimer à ses enfants « tu es ma chair tu es mon sang ».  Ce qu’un homme peut difficilement ressentir.

L’homme, le père a-t-il une place spécifique dans ce moment crucial ?

Oui.

Le rôle du père dans la séparation

Laisser partir la fille, le fils, c’est lâcher avec ce besoin de donner de la nourriture de donner de l’argent, et se guérir de l’angoisse que l’enfant,le jeune, manque de quelque chose. C’est avoir confiance.

Là le père porte une responsabilité spécifique. Même si c’est difficile, il doit s’interposer de manière effective, et déterminée : non tu ne donnes pas cela à ton fils ou à ta fille, non tu arrêtes de lui donner à manger à chaque fois qu’il vient à la maison, non tu ne lui téléphones pas pour lui demander quand il vient, il viendra quand il voudra…Et exprimer au jeune, de manière similaire, et progressivement, maintenant pour cela tu te débrouilles Ce sont des actes et des paroles liés à un positionnement paternel qui a été préparé par le positionnement masculin préalablement construit.

Mais cela ne suffit pas, ce qui est nécessaire aussi c’est de construire avec son épouse, ou sa compagne, une autre vie qui n’est plus fondée sur les enfants.

Se séparer de ses enfants : l’occasion d’une deuxième vie.

J’ai rencontré un jour une femme qui travaillait pour une association humanitaire, elle accompagnait des camions remplis de produits,vers le Caucase. Elle avait eu une famille, des enfants, et ceux-ci devenus adultes, elle a construit une deuxième vie, riche et utile.

C’est une indication. Le départ des enfants est un moment crucial et difficile. Les chambres de ceux qui ont été les enfants sont vides. La maison a perdu l’animation qui était la sienne. Les joies de la vie familiale sont dans le passé. A la place un silence qui peut être angoissant,s’il n’y avait pas la télévision ou la radio… le smartphone et l’ordinateur. L’angoisse du vide c’est cela qui peut amener à aménager les relations familiales de sorte que les enfants restent prisonniers. Or c’est ce qu’il faut éviter.

Quelle est l’alternative ?

L’alternative, c’est que chacun des parents, et les deux ensemble saisisse cette occasion pour un changement dans sa propre vie, avec de préférence un déménagement. Cela empêchera que, quand les jeunes reviennent chez leurs parents, leur enfance soit sans cesse réactualisée, et cela renvoie définitivement dans le passé ce qui se termine, pour laisser la place à une nouvelle configuration des relations familiales, avec l’arrivée d’une nouvelle génération.

Un nouveau bonheur !

Or le rôle de l’homme est crucial dans ce travail de deuil, ce processus de séparation et de changement.

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