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Avr 17
Choisir la vie

Angoisse de la vie. Angoisse de la mort.

La crise de coronavirus a déclenché l’écriture de cet article.  Le danger est partout. Se protéger contre la maladie pour ne pas mourir cela passe par des mesures concrètes. Manière de diminuer l’angoisse mais cela ne nous évitera pas, quoi qu’on fasse, la confrontation avec la mort.

Ce que je veux montrer dans cet article est que:

  1. L’angoisse est consubstantielle de notre condition de mortel. Mais on peut en faire un moteur.
  2. La voie pour sortir de l’angoisse est de transformer cette énergie en désir, en projet et en action.
  3. Cela demande pour certaines bloquées un travail sur soi approfondi.

Quoi faire pour se diriger vers l’avenir, donc vers sa mort, sans angoisse?

Au moins, contre la maladie, par exemple le coronavirus, nous avons des moyens d’action. Il s’agit de moyens de protection; nous les utilisons, nous sommes actifs même si ces précautions nous sont imposées légalement, c’est chacun de nous qui les met en œuvre.

C’est une première réponse : les règles, les lois, plus généralement les limites nous protègent de l’angoisse. L’État décide pour nous de règles à respecter,  une sorte de discipline, que nous acceptons, quand elles nous paraissent efficaces.

De même je suggère de s’imposer dans notre vie une discipline personnelle, et en particulier des routines matinales, dont des exercices corporels, méditation, prière… A chacun de l’instaurer selon sa culture et ses besoins.

En même temps cette situation nous rappelle cette donnée banale : dans une situation angoissante, agir protège de l’angoisse.  Et d’une manière plus générale, être actif, et en particulier être à l’initiative, cela protège de l’angoisse à condition que ces actions aient une finalité consciente et des objectifs sinon ce n’est que de l’agitation, une autre manifestation de l’angoisse.

Le problème est que l’angoisse c’est justement ce qui nous empêche d’agir.

A quoi reconnait-on que l’on est angoissé ?

Inhibition, difficulté à respirer, contraction douloureuse du plexus transpiration, diarrhée, obscurcissement de la perspective qui empêche d’agir, paralysie de la parole, hébétude, tristesse, dont la colère est une issue ponctuelle possible.

Dans certains cas, un conflit intrapsychique se manifeste par une douleur physique, qui n’a aucune cause organique, c’est ce que l’on appelle en psychologie conversion.

Mais le plus souvent, l’angoisse de vivre, l’angoisse de mourir, se manifestent par l’immobilisme.

Cette angoisse fait partie des types d’angoisse dont les causes restent inconscientes. Appelons-les causes existentielles, angoisse existentielle. Elles ont directement à voir avec notre existence, la vie, et avec notre finitude, la mort.

Comment éviter l’angoisse de la vie ?

Par les médicaments.

Les anxiolytiques et les anti dépresseurs.

L’avantage est qu’ils ne demandent pas d’engagement personnel, sauf prendre rendez-vous avec un médecin. Et c’est remboursé…

L’inconvénient c’est qu’ils ne traitent que le symptôme et qu’ils sont addictifs.

Par la procrastination

Ne décidons rien! c’est ce qu’on appelle aujourd’hui procrastination. Comme je l’ai souligné dans un autre article, la prise de décision engage à la fois vers la vie et vers la mort.   Elle engage vers la vie parce qu’elle nous met sur un chemin vers l’avenir, que l’on ne connaît pas. On prend un risque. L’un des risques qui nous fait le plus reculer c’est celui d’échouer.

Pourtant quand on va sur un chemin dirigé vers l’avenir on rencontre du nouveau, de l’inattendu, des obstacles et des ouvertures.  C’est cela la vie. L’échec (toujours relatif) en fait partie. La personne qui est empêchée de prendre une décision et, du coup, de procéder à tout changement c’est une personne qui recule devant la vie. Son besoin de protection l’empêche de prendre tout risque.

Cette personne ne ressent pas forcément de l’angoisse, mais c’est pour éviter cette angoisse qu’elle évite toute décision ou tout changement. Elle ressentira un autre type d’angoisse. L’angoisse de la mort, car la mort nous angoisse d’autant plus que l’on n’est pas dans sa vie. Dit autrement, on accepte d’autant mieux de mourir que l’on vit intensément.

En quoi la prise de décision nous engage-t-elle vers la mort ?

Elle nous engage vers la mort parce que quand on prend une décision on choisit un possible et l’on renonce à tous les autres possibles.  Et c’est irrémédiable, comme l’est la mort. C’est une perte, et cette perte est comme un avant-goût de la perte finale définitive, ce moment où nous devons renoncer à tout ce qui continuera à exister de l’autre côté, après nous, sans nous. Ce monde où nous existerons seulement dans le souvenir dans la mémoire, et encore pas pour longtemps.

Cependant nous avons à notre disposition plusieurs moyens d’éviter de regarder cette réalité en face.

Adhérer à des groupes

En prenant le mot adhésion au sens fort : on y adhère comme du papier collant adhère à un mur, en renonçant à notre liberté.

Beaucoup d’adultes réinvestissent leurs besoins fusionnels en adhérant un groupe quel qu’il soit groupe de supporters, groupe politique, associatif, religieux.

Attention !  Je ne dis pas que faire partie d’un groupe, être militant c’est forcément l’effet d’un besoin de fusion.  Non. Car on peut être, dans un groupe politique associatif religieux, quelqu’un d’indépendant qui pense librement et qui conserve sa liberté d’action.  Mais il existe une catégorie de personnes qui dans ces groupes au fond n’existent pas, n’existent plus en tant qu’acteur indépendant.  Ils suivent; ils s’en remettent au dirigeant, à celui qui parle le plus fort, le mieux.  Cela peut aller jusqu’à l’adulation et c’est le ressort des dictatures.

Dans l’entreprise ou bien l’institution, cela donne des comportements d’obéissance et de soumission, avec tous les travers associés à ce positionnement que je ne trouve pas d’autres mots que vulgaires pour le désigner :  la lèche. L’envers de ces comportements c’est la rébellion, le comportement adolescent. Un passage obligé et qu’il est nécessaire d’accepter car il est une phase du processus de séparation.

Fusionner dans le couple et dans la famille.

…Celle dans laquelle on est né, et que certains ne quittent jamais et celle que l’on a fondée dans laquelle on reproduit la relation fusionnelle.

Est-il vraiment utile d’ajouter ici que lorsque l’on réinvestit dans le couple son besoin de fusion cela risque de nuire à la relation, avec un retentissement sur la sexualité? La fusion avec l’autre est en même temps une négation de l’autre. On le voit inconsciemment comme identique par conséquent on ne comprend pas, on n’admet pas ses traits de personnalité, ses manières d’agir et de se comporter.

Et l’angoisse de la mort ?

Notre fin définitive, ce qu’on appelle par métaphore disparition, départ, pour atténuer l’effet, c’est quelque chose de complètement délirant non?

Comment est-il possible que moi qui vit, un cœur qui bat, des bonheurs des joies et des épreuves, de l’amour, comment est-ce possible que tout cela disparaisse? Tout ce que j’ai accumulé de mémoires, de savoirs-faire, pour être capable de contribuer au mouvement de l’humanité, et de richesses intérieures. Tout cela va s’évanouir d’un coup.

Il est impossible d’ éviter complètement l’angoisse de mort. Mais la personne qui se trouve dans une relation fusionnelle aux autres, aux choses, est comme dans un œuf protégé psychiquement  de la pensée de la mort.

Or il existe forcément des moments où cette perspective s’introduit par surprise suite à des événements douloureux  et alors l’effet de surprise rend la chose encore plus terrible,  et certaines personnes fragiles vivent brusquement une véritable terreur, comme devant la mort imminente,  une “attaque de panique », à moins qu’elle ne soit complètement refoulée sous la forme de l’angoisse constante associée au sentiment profond d’inexistence.

La croyance en un sauveur ultime.

L’expression est de Irvin Yalom un psychiatre américain. Elle consiste dans une relation de délégation et de confiance absolue, dépourvue de sens critique, dans un être, supérieur, sur lequel on projette sa propre responsabilité. On renonce à son indépendance. C’est une manière d’évitement de la perspective ultime, car comme je l’ai déjà dit, la conscience de la mort est intrinsèquement associée à la sensation d’exister comme un être séparé.

Mais comment faire pour sortir de l’illusion et reconnaître la réalité ?

Comment faire lorsque, nous qui sommes mus par une pulsion de vie, par la puissance énergétique  que notre corps produit, quand nous sommes empêchés d’agir  de choisir  de créer  à cause de l’angoisse de la vie? Parce que nous sommes restés dans un état de fusion, et de dépendance et que tout ce qui viendrait troubler cet état de fusion nous angoisse. Parce que nous nous sommes créé des protections, des écrans pour nous éviter d’être confronté à la perspective de de notre fin ultime.

Sortir de la fusion

Partir c’est mourir un peu, dit-on. Quitter c’est mourir un peu. Se séparer aussi.

La vie d’un être humain est un long processus de séparation, dont l’aboutissement est l’entrée dans l’âge adulte Mais pour certaines personnes cette séparation n’a jamais lieu.

Le premier acte c’est un moment douloureux parfois violent, plus ou moins selon les personnes :  l’accouchement, la naissance moment qui peut être vécu selon les circonstances comme un grave traumatisme.  Heureusement il y a le bout de sein ! Sur lequel nous nous sommes précipités dès la sortie. Mais que certains continuent à rechercher toute leur vie sous la forme des addictions.

A l’origine nous sommes dans un état de fusion et de dépendance. Ce qui caractérise l’espèce humaine par rapport aux autres espèces c’est que la maturation est très longue: elle nécessite des apprentissages sociaux.  Tout le processus de l’éducation et de la construction personnelle a, ou devrait avoir, pour finalité de nous faire passer de l’état de fusion et de dépendance à l’état d’être séparé et indépendant.

Le problème c’est ceux qui sont en charge de l’éducation, les parents d’abord, les éducateurs, les professionnels de l’éducation, s’ils ne pas sont pas eux-mêmes séparés, empêchent le processus de séparation car ils recherchent eux-mêmes la fusion.

Que faire quand on n’a pas pu sortir de la fusion parce qu’on n’y pas été autorisé par exemple ?

La solution est de donner un sens à sa vie, et de s’y engager pleinement.

Comment peut-on transcender notre finitude ?

Voici des voies utilisée depuis que l’humanité existe pour réduire l’angoisse de la mort.

Avoir une descendance

Cela exige de rencontrer une femme, et de construire avec elle une relation. Ce qui nécessite un minimum de construction personnelle.

Cependant dans beaucoup de sociétés, encore de nos jours, les futurs époux sont réunis par la famille ou par un marieur, ce qui évite aux jeunes hommes et femmes le travail de tâtonnement et d’entrée en relation, ce que du point de vue masculin on appelle conquête.

Le travail d’éducation et de transmission, est un moyen de transcender notre finitude : il restera quelque chose de nous.

Mais attention à ne pas garder ses enfants prisonniers du lien avec soi, en les empêchant de se construire en êtres séparés et indépendants!

Laisser une œuvre.

Substituer à la perspective de la mort, comme fin définitive, une finalité concrétisée par un projet. Laisser une œuvre et passer à la postérité. Voici deux personnages complètement dévoués à leur œuvre, et à leur rôle social, qui n’ont, volontairement, pas eu de descendance : c’est Aragon, et Jean-Paul Sartre. Des hommes politiques, des sportifs, des artistes « passent à la postérité ». Mais cela exige du talent, des qualités exceptionnelles, parfois des circonstances. Cette voie est forcément réservée à une minorité. Car si tout le monde devient célèbre, personne ne l’est en fait.

On peut être dirigé par un projet, accomplir une œuvre, sans être pour autant « célèbre ».

Je résume :

Les moyens qui permettent de faire abstraction de la mort, les névroses, dont la manifestation la plus commune est d’être tourné vers le passé, et qui se caractérisent par l’état de fusion, ont pour contrepartie l’incapacité à vivre, car l’angoisse se manifeste alors par la difficulté à prendre des décisions, par l’inhibition dans la relation, et par l’immobilisme.

Le vrai remède à l’angoisse, celle de vivre et de mourir, c’est exister. C’est être soi, penser et agir de manière indépendante, entrer en relation, et pour cela se construire comme un être séparé, enraciné et tourné vers l’avenir dont il participe à la construction, donc avoir un projet de vie.

Huit objectifs pour devenir un être séparé et tourné vers l’avenir

Voici les huit objectifs à atteindre pour devenir cet être séparé, enraciné et tourné vers l’avenir, que chacun au fond désire être :

1 Être un corps. Développer son état de présence.
2 Être enraciné. Prendre conscience de son patrimoine pour cultiver ses racines.
3 Être appartenant. Contacter ses origines développer ses groupes d’appartenances.
4 Être relié. Trouver, développer sa spiritualité.
5 Être en mouvement. Donnez un sens à sa vie pour se mettre en mouvement et faire œuvre.
6 Être un homme ou une femme. Construire son style personnel d’être au masculin, ou au féminin.
7 Être reconnu. Développez les compétences nécessaires pour réussir et être reconnu.
8 Être reliant. Développer ses relations. Devenir pour autrui une référence, un point d’appui.

Cela nécessite travail personnel de fond, de construction personnelle.

Pourquoi un thérapeute peut s’avérer nécessaire ?

Parce que la présence d’un tiers, présence qui est normalement l’attribut de la fonction paternelle, est indispensable à la séparation.

Voici quelques exemples de ce qui se passe pendant une thérapie:

Le thérapeute est un professionnel, lui-même séparé, conservant une posture de neutralité, qui permet au patient de « devenir soi ».

La thérapie consiste à faire ce travail de fond, qui aboutit à la séparation, ce qui ne s’est pas fait spontanément parce que nos parents n’étaient pas eux-mêmes séparés.

La thérapie est fondée sur la parole. Elle permet au patient de libérer et développer sa parole, fondement de la relation humaine. Et de s’affirmer.

Un travail sur le corps peut y être effectué, car le corps est le fondement de notre existence. Les émotions, c’est corporel, la pensée est une production du corps.

La thérapie est une relation. Dans cette relation sont mis au jour les comportements relationnels du patient, ceux qui le handicapent dans sa vie sociale, pour les changer.

Dans cette relation avec un interlocuteur neutre le patient prend conscience de ses désirs profonds parfois inconscients, parfois non avouables.

Grâce à la relation positive et bienveillante qui s’instaure, le patient s’autorise à les formuler.

Le patient s’appuie sur son thérapeute, pour oser mettre en œuvre ses désirs dans sa vie.

La thérapie est en elle-même une aventure, comme la vie. On y entre souvent pour résoudre une difficulté pratique, et on s’engage sur un chemin inconnu comme l’est l’avenir »la vie devant soi ».

C’est un choix à faire : l’angoisse, l’immobilisme ou l’aventure de la vie.

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